Commerce international : les faiblesses de l’économie turque

21 Octobre 2013



Les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ne sont plus les seuls pays émergents. La Turquie est de ces pays qui cherchent à se faire une place sur le grand échiquier économique mondial. Aujourd’hui, le défi turc est de trouver une dynamique économique viable, reste qu'il y a encore beaucoup d’effort à faire encore stabiliser cette dernière.


Recep Tayyip Erdogan, entouré du vice-Premier ministre Ali Babacan et du gouverneur de la Banque centrale Erdem Basci, présente le symbole de la monnaie turque, le 1er mars 2012 | Crédit Photo -- Umit Bektas/Reuters
Recep Tayyip Erdogan, entouré du vice-Premier ministre Ali Babacan et du gouverneur de la Banque centrale Erdem Basci, présente le symbole de la monnaie turque, le 1er mars 2012 | Crédit Photo -- Umit Bektas/Reuters
Le monde a changé sa perception de la notion des marchés émergents qu’elle se limitait aux quatre grandes économies, l’acronyme inventé par Jim O’Neill, le BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Aujourd’hui, ce concept est élargi considérablement avec les pays qui ont un potentiel de se développer et devenir un contributeur efficace à la croissance économique mondiale. En étant un nouveau pays dans ce concept limité, la Turquie, nommée aussi « le potentiel de l’économie tigre de l’Europe » en 2005, mène la prochaine vague de marchés à croissance rapide. Aujourd’hui le défi turc est d’avoir une dynamique économique viable, mais à savoir qu’il reste encore beaucoup d’effort à faire pour améliorer sa nature.

Les progrès depuis 2002

L'emplacement géographique de la Turquie, son rôle en tant que comptoir commercial entre l'Est et l'Ouest, et son pouvoir démographique de 75 millions d’habitants et une main d’œuvre prometteuse forment la richesse naturelle que le pays possède. Et donnent l’accès aux marchés mondiaux afin d'être un important distributeur pour les différentes régions. Ces atouts se combinent avec l’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement (AKP), islamiste modérée, en 2002, après une forte récession en 1999-2001. Depuis, le pays a connue une croissance d'environ 7% chaque année et il a triplé son revenu par habitant. Alors que bon nombre de pays européens n’ont pas encore retrouvé le niveau de PIB d’avant la crise de 2008, le PIB turc, après une contraction de 4,8 % en 2009, a rebondi à 9,2% en 2010 et à 8,5% en 2011. Le taux de chômage était dès 2011 sous son niveau d’avant crise.

Les progrès de l’économie turque au cours de la décennie passée ont été importants, celle-ci étant aujourd'hui à la 17e place du monde. Il faut se rappeler que le déficit extérieur, ainsi que la forte dépendance envers les investissements directs étrangers à court terme, forment de vraies sources de fragilité en matière de commerce.

Un déficit extérieur élevé

Historiquement le pays importe plus qu’il n’exporte. En général, cette situation ne forme pas, en tant que telle, une source d’inquiétude, bien au contraire, elle est fréquemment observée dans les pays émergents. Depuis une dizaine d’années, ce déficit historique est diminué fortement. Mais, le déficit extérieur courant était clairement excessif, en allant jusqu’à 10 % du PIB en 2011, entrainant une nette dépréciation de 22 % de la livre turque par rapport au dollar, provoquant une ré-accélération de l’inflation. En 2012 finalement, le déficit extérieur a diminué de 20,7 % par rapport en 2011, résultat d'un « atterrissage en douceur » de l’économie turque qui provient d’une faible demande intérieure. Toutefois cette diminution du déficit est liée en grande partie, à la privatisation des entreprises étatiques, notamment dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie. Par conséquent, il faut ajouter que tout est affaire de mesure. Actuellement, le déficit extérieur courant turc reste important, au premier trimestre de 2013, il a vu une hausse de 17,4% et atteint 50,6 Mds USD.

La dépendance envers le financement à court terme 

En étant le deuxième bénéficiaire d'Investissement Direct à l'Étranger (IDE) de la région d'Asie occidentale, ceux-ci jouent un rôle primordial de la bonne santé de l’économie turque. Être attractif pour les entreprises étrangères traduit la présence des atouts et apporte des avantages au pays d’accueil. Reste que la Turquie est le plus souvent dépendante de ces investisseurs, les multinationales n’hésitant pas à dicter leurs lois, fortes d’un pouvoir de chantage permanent à la délocalisation.

Simplement : si les investisseurs étrangers sont prêts à prendre des risques, alors l'argent coulera vers la Turquie, le gouvernement turc encouragera les dépenses et les importations, stimulant la livre turque. Par contre, si la situation est inverse, l'argent des investisseurs étrangers ne viendra pas en Turquie, causant la baisse de la livre turque et un ralentissement de la dépense intérieure.

Il est vrai que le risque existe que ces investissements se tarissent du jour au lendemain, comme ce qui s'est passé, plus récemment, avec la déclaration de la FED sur la diminution d’émission de dollar sur le marché jusqu'à la fin de 2013 et la décision d’arrêter d’en émettre totalement jusqu'à la fin de 2014. Le pays connait un bouleversement économique. Notamment, un tarissement de la monnaie source de la dévolution de la livre turque, suivie par une augmentation du taux d'emprunt. À moyen terme, cela rendrait le cout d’importation important et permettrait, de nouveau, un problème d'inflation. Cet exemple montre très bien dans quelle mesure la Turquie est dépendante des IDE, et comment son économie peut être changée, du jour au lendemain du fait de cette dépendance.


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